Les bonnes pratiques – Le sommeil de l’enfant

La chambre peut-être très différente d’une famille à l’autre : lieu de vie ou lieu réservé au coucher… Les conditions de logement ont des conséquences sur l’organisation de la famille et sur la place que l’on réserve au sommeil. 

Quelles sont les conditions idéales pour le sommeil d’un enfant ?

Une chambre partagée entre les enfants d’une même famille, une chambre individuelle, une chambre commune aux parents et à l’enfant : autant de configurations qui influenceront le rythme et la qualité du sommeil de l’enfant. Faire dormir l’enfant dans une chambre séparée de celle des parents est une habitude relativement récente et essentiellement adoptée par les sociétés occidentales. Elle est préférable, surtout à l’adolescence où l’enfant a besoin d’un environnement bien à lui. Une chambre partagée est parfois très précieuse pour renforcer le sentiment de sécurité affective au moment du coucher et développer des moments de partage entre frères et sœurs.
Pour le lit, il évoluera au fil de l’âge de l’enfant ; il est temps de supprimer les barrières quand l’enfant commence à les escalader… Les lits superposés ou en hauteur ne devront pas être proposés aux enfants avant 6 ans, et sont à éviter en cas de somnambulisme.
La gestion de la luminosité est importante ; l’obscurité est à privilégier, en mettant des rideaux occultants si besoin, mais la veilleuse peut être d’un grand secours pour chasser les monstres… attention, sa luminosité doit être la plus faible possible. Télé et jeux électroniques ne devraient pas avoir leur place dans la chambre, mais ils seront évoqués par ailleurs.

Le co-sleeping désigne le fait qu’un enfant dorme tous les soirs dans le même lit que ses parents. Cette pratique est traditionnelle dans les cultures africaines ou asiatiques. En France, jusque dans les années 50, le co-sleeping était une pratique courante. Aujourd’hui, il est surtout pratiqué lorsque les conditions de logement ne laissent pas le choix d’une chambre individuelle, ou lorsque l’enfant a des problèmes de sommeil. Les partisans et les adversaires du co-sleeping avancent des arguments contradictoires qui n’ont pas fait leur preuve chez l’enfant à la différence de chez le bébé où les études ont montré un risque accru de décès par étouffement quand le bébé partageait le lit de ses parents (voir Les bonnes pratiques du sommeil du bébé).
Il est certain que le cheminement vers l’autonomie pour pouvoir aller dormir chez un copain, aller en classe verte ou en colonie de vacances est certainement plus simple lorsque l’enfant a pris l’habitude de dormir seul dans son lit. Enfin, une présence systématique dans le lit conjugal des parents  n’est pas favorable à l’intimité du couple.
Dans la mesure du possible, il est conseillé de dormir chacun dans son lit. Cependant la raison pour laquelle le co-sleeping a été parfois adopté par une famille est à  comprendre et à respecter. Seule une approche individuelle et non dogmatique peut permettre de conseiller les parents sur la bonne attitude à adopter, en prenant en compte avant tout l’intérêt de l’enfant.

Les rituels du coucher

Ce sont toutes les habitudes qui sont reproduites chaque soir au moment du coucher, dans une séquence et un ordre immuable. Les rituels ont pour fonction de rassurer l’enfant à ce moment particulier du passage de l’éveil au sommeil.

Pour un enfant, le moment de dormir implique une séparation d’avec ses parents et l’entrée dans un monde inconnu. C’est un moment angoissant. La petite histoire, l’échange sur les bons moments de la journée, le câlin, la chanson ou la boîte à musique, en présence des peluches ou doudous préférés, sont les étapes nécessaires pour préparer l’enfant au sommeil. Ce moment doit être calme et rassurant.

Attention à bien individualiser sommeil et repas. Dès que possible, apprenez à votre enfant que sommeil et repas sont deux comportements distincts. Ne laissez pas l’enfant s’endormir systématiquement avec un biberon ou tout autre aliment. Donnez le biberon du matin à l’emplacement des repas (cuisine, salle à manger) et non dans le lit. Il est d’ailleurs également recommandé d’éviter la télévision pendant les repas.

Si le rituel est très important pour permettre à l’enfant de s’endormir seul et de manière sécurisée, il faut respecter quelques règles :

  • que ce soient histoires, câlins, chansons, massages…Un rituel doit être court. Il est bien de dire d’emblée ce que l’on va lire : une histoire ou un chapitre…  pour ne pas passer toute la bibliothèque en revue. S’éterniser auprès de l’enfant peut lui faire passer le message que l’on n’a pas envie de le laisser seul, ce qui finalement est plus inquiétant qu’autre chose !
  • Les parents ou grands-parents peuvent avoir des rituels différents avec l’enfant. Ce qui est important c’est que l’enfant passe un moment privilégié et apaisant avec la personne qui le couche.

Les rituels évoluent avec l’âge. Plus l’enfant est âgé, moins la présence d’un parent est nécessaire. La petite histoire cède la place à la lecture, le mobile musical au lecteur numérique. Mais attention, la lumière des écrans des appareils électroniques (smartphones, tablettes et ordinateurs…) est très stimulante et maintient en éveil. De plus, les jeux peuvent sérieusement différer l’arrivée du sommeil puis le dégrader… L’écran de télévision aura des effets moindres en termes de stimulation lumineuse, mais n’a en aucun cas sa place dans le lit ou la chambre. En effet, il est important, chez l’enfant comme chez l’adulte, de préserver l’association lit/sommeil pour une gestion du sommeil optimisée.

Télévision et ordinateur : les faux amis du sommeil

Le temps passé sur écrans, ordinateur, jeux vidéo, tablette et smartphone, en particulier dans la soirée est indéniablement associé à un retard d’endormissement, à la multiplication des éveils et à un sommeil de médiocre qualité (voir le communiqué de presse de l’AFPA  du Pr Serge Tisseron).

La lumière des écrans, juste avant le sommeil affecte le rythme veille/sommeil en illuminant les cellules à mélanopsine de nos rétines, qui vont envoyer un signal d’éveil à notre horloge biologique. Cela entraîne la diminution voire l’arrêt de la sécrétion de mélatonine, un neuromédiateur central dans le déclenchement du sommeil.

Le temps passé devant la télévision n’est pas anodin non plus. Les enfants qui regardent la télévision deux heures par jour pendant les jours de semaine et le week-end ont un coucher plus tardif, une durée de sommeil diminuée et un lever plus tardif le samedi et dimanche. Plus l’utilisation est importante plus le retentissement est grand.

Ce type d’activité en soirée n’est pas structuré dans le temps. Sans début et sans fin clairement définis, l’enfant n’est pas à l’écoute de son sommeil et laisse passer tous les signaux qui devraient le conduire à se coucher. Ces activités prennent beaucoup de temps et favorisent la sédentarité, elle-même reconnue comme destructurante du sommeil.

Enfin, le contenu des programmes de télévision ou de certains jeux excessivement violents, donc stimulants, peut entraîner des tensions et augmenter l’anxiété qui génère à son tour des difficultés d’endormissement.

Que faire en cas de difficultés ?

L’endormissement autonome est la clef de la qualité des nuits de votre enfant (et donc de la qualité de votre sommeil). En effet, s’il sait s’endormir seul le soir, votre enfant n’aura pas de difficultés à s’endormir à nouveau seul dans la nuit lorsqu’il se réveillera entre deux cycles de sommeil (processus tout à fait normal).

Si votre enfant ne s’endort pas en dehors de votre présence, ou se réveille dans la nuit sans pouvoir se rendormir si vous n’êtes pas là, la mise en place d’une thérapie comportementale peut vous aider.

Les thérapies comportementales permettent un véritable apprentissage à l’endormissement autonome, en intégrant tous les paramètres y compris l’environnement de sommeil ; elles permettent d’habituer l’enfant à son propre lit et de diminuer la charge anxieuse associée à sa chambre.

Cette méthode est préconisée dès lors que votre enfant rencontre des difficultés pour se coucher ou pour s’endormir à nouveau la nuit, en l’absence de difficultés familiales associées et déstabilisantes pour lui. Ainsi, si vous vous trouvez dans une situation telle qu’une séparation conflictuelle, des conflits familiaux envahissants, un deuil difficile ou un changement d’habitation, un ou une psychologue pourront vous aider et leur aide personnalisée sera alors irremplaçable.

Si seul le sommeil semble être un problème, alors cette technique peut vous aider. Le principal objectif étant que votre enfant apprenne à s’endormir seul, pour pouvoir le faire aussi en pleine nuit en cas d’éveil, et surtout pour retrouver confiance dans son sommeil. Votre rôle est de lui apprendre à réussir son endormissement, et non  de l’endormir vous-même.

Comment mettre en place une thérapie comportementale à la maison ?

La réussite sera mesurée au nombre d’endormissements réussis par l’enfant, c’est-à-dire lorsqu’il se sera endormi sans l’adulte à ses côtés, même s’il y a eu plusieurs interventions de la part de celui-ci, avant de parvenir à ce résultat.

L’une des méthodes les plus utilisées est celle dite du « Bedtime Fading ». Au début de la méthode ne portez pas d’attention particulière aux horaires de coucher. Si l’enfant est habitué à s’endormir tard, ne cherchez pas soudain à le coucher plus tôt. Il est préférable d’obtenir que l’enfant s’endorme seul avant de l’aider à avancer ses horaires de coucher.
L’idéal est d’expliquer à votre enfant que pour l’aider à apprendre à s’endormir seul, vous allez désormais (si cela n’était pas le cas avant !) :

  • faire un rituel de coucher bref (moins de 10 minutes) une seule fois, à choisir ensemble ;
  • lui rendre visite dans sa chambre régulièrement, et non l’inverse… lui devant rester dans SON lit ;
  • vous viendrez régulièrement après une attente (relativement brève) mais jamais immédiatement, même si vous restez à proximité, en dehors de sa chambre ;
  • un doudou de son choix pourra remplacer votre présence à ses côtés, dans son lit ;
  • l’endormissement doit être reproductible dans la nuit, donc ne pas être associé à une prise alimentaire (biberon de lait ou d’eau), la télévision ou votre contact.

Voici des propositions de séquences de 5 visites, de plus en plus espacées, pour rassurer votre enfant mais lui permettre de se laisser surprendre par le sommeil pour qu’il retrouve confiance en sa capacité à s’endormir.
Si cela vous a paru difficile, vous pouvez maintenir la même séquence plusieurs soirs d’affilée avant de passer à la séquence suivante.

 

Séquences

1er soir

2e soir

3e soir

4e soir

1ère attente

1′

2′

3′

5′

2e attente

2′

5′

7′

10′

3e attente

5′

5′

7′

10′

4e attente

5′

7′

10′

15′

5e attente

7′

7′

10 ‘

15′

Soyez ferme et déterminé(e), expliquez calmement. Ne négociez pas, ne recommencez pas votre rituel une fois celui-ci achevé. Ce comportement sécurisera votre enfant.

Tenez un agenda de sommeil pendant cette période afin de noter les difficultés rencontrées et de visualiser la progression.

Montrez à votre enfant ses progrès et félicitez-le pour tous les endormissements réussis jusqu’à stabilisation de la situation. Des petites images peuvent être de belles récompenses !

Si jamais, vous rencontrez des difficultés, n’hésitez pas à nous demander de l’aide via le forum.

Source

Reséau Morphée – Le sommeil de 0 à 18 ans

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